La double vie d’un ancêtre

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La double vie d’un ancêtre ou un ancêtre imposteur ?

L’imposteur

J’ai un problème avec un ancêtre. Il s’agit de Charles Clair Labarre qui pour moi a mené une double vie même si cela semble assez improbable jusqu’à preuve du contraire.

Charles se marie à Croixdalle en Seine-Maritime avec Marie Rose Hébert en 1806 puis  arrive le premier bébé ; Marie Anne Rose en 1807. Jusqu’ici tout va bien, on va dérouler la liste des naissances qui vont arriver tranquillement mais sûrement toutes les années suivantes.
Et puis, je découvre qu’il s’est marié une deuxième fois en 1808, dans une autre ville à Villy-le-Bas (Villy-sur-Yères)  située à 30 km de Croixdalle avec Marie Madeleine Levasseur.


Je ne trouve pas ça si affolant que ça au départ mais normalement la première épouse au minima doit être décédée pour pouvoir enchaîner sur un autre mariage, c’est une règle de base.
Et bah non !
Elle ne décédera qu’en 1856.
Je vérifie les actes de mariage et sur les deux actes figure bien la même date de naissance du dit Charles Clair Labarre : le 12/9/1781 à Val-du-Roy et la mention des deux mêmes parents : Pierre Labarre et Marie Dupont.
Et bien sûr, j’ai retrouvé son acte de baptême à la date donnée et au lieu dit.

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Les enfants

Je me suis donc lancé dans la recherche de tous les enfants issus de ces deux  mariages pour y trouver d’éventuels indices explicatifs sur ce doublon insolite.

Avec la première épouse Marie Rose Hébert, ils auront ensemble 8 enfants en 20 ans.

  • Marie Anne Rose, née le 12/09/1807 à Croixdalle
  • Joséphine, née le 17/12/1809 à Croixdalle
  • Jean Charles, né le 7/4/1812 à Croixdalle
  • Charles Clair, décédé le 2/07/1814 à l’âge de 8 mois à Croixdalle
  • Marie Catherine, née le 3/02/1815 à Croixdalle
  • Marguerite Pulchérie, décédée le 17/01/1818 à l’âge de 10 mois à Croixdalle
  • Jean Jacques Nicolas, né le 12/11/1818 à Croixdalle
  • Auguste, né le 10/02 /1827 à Croixdalle

Avec la seconde épouse Marie Madeleine Vasseur, ils auront ensemble 7 enfants en 16 ans.

  • Jean Baptiste, né vers 1805 (témoin du mariage de son frère Charles)
  • Marie Catherine, née le 14/04/1810 à Cuverville
  • Aimable Firmin, né le 14/03/1811 à Cuverville
  • Charles Martin, né le 18/09/1812 à Avesnes-en-Val
  • Marie Adélaïde, née le 25/06/1814 à Cuverville
  • Pierre Victor, né le 15/12/1818 à Cuverville
  • Marie Catherine, née le 19/10/1821 à Cuverville

Il se pourrait qu’il y ait d’autres naissances mais curieusement les registres de 1824 à 1830 ne sont pas en ligne.

Sur tous les actes de naissance sans exception aucune, avec la seconde épouse, il déclare ne pas savoir signer.  Pour l’une, il habite bien à Croixdalle et pour l’autre à Cuverville.
Sur tous les actes, il est déclaré journalier pour les deux familles et devient terrassier à partir de 1840 pour le premier ménage.

L’homonymie

Je commence à imaginer que je me fais des films et qu’il s’agit de deux Charles Clair Labarre bien différents, il s’agit d’un cas d’homonymie. Bon et puis il y a la distance de 30 km qui sépare les deux épouses…
Mais quand même, je l’aurais plus facilement accepté s’il s’était appelé Jean ou François mais le second prénom, Clair, qui a donné bien du fil à retordre aux officiers d’état civil, est assez rare.

Le décès

Je cherche son acte de décès et là ça part complètement en vrille !
Je trouve un premier acte de décès d’un Charles Clair Labarre, journalier, fils de Pierre Labarre et de Marie Dupont, décédé à Avesnes, le 21/12/1853. Jusqu’ici tout va bien, un sans faute. Mais il est déclaré marié à une Marie Parot complètement inconnue jusqu’à là! Le déclarant est un fils qui dit s’appeler Clair que je n’ai pas retrouvé dans les registres. Sans doute est-il né entre la période où les registres ne sont pas en ligne.

Je trouve ensuite un second décès d’un Charles Clair Labarre, terrassier, décédé à Croixdalle le 20/06/1856 et les déclarants sont ses deux fils Jean Jacques Nicolas et Auguste. Tout correspond au couple Labarre / Hébert.
Mais, il y a un mais magistral noté dans la marge !

Le rectificatif

Suivant jugement rendu par le tribunal civil de Neufchâtel le treize mai courant, l’acte ci contre a été rectifié en ces termes :
Le tribunal ordonne que l’acte de décès de Labarre père inscrit sur les registres de l’état civil de la commune de Croixdalle à la date du vingt mai mil huit cent cinquante six sera rectifié en ce sens que les prénoms Charles Clair donnés au décédé y seront remplacés par ceux de Jean Jacques.

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Avec ce rectificatif, ça devient compliqué mon histoire. Car la note ne dit pas clairement que tous les registres de la ville de Croixdalle sont concernés mais seulement celui de ce décès. Et quand bien même ce serait le cas pourquoi les deux fistons ont signé un acte sur lequel était inscrit des mauvais prénoms de leur père ?

Tout s’explique, enfin presque !

Et puis, j’ai trouvé l’explication grâce à Geneanet où un membre a noté la présence d’un acte rectificatif en 1861 (4 pages) dans le registre de Croixdalle expliquant qu’un frère de Charles Clair Labarre, le prénommé Jean Jacques lui avait pris ses prénoms. On n’a pas d’explication sur ses raisons et motivations qui l’ont poussé à le faire. Et l’acte de décès de 1856 a été rectifié avec les bons prénoms.

C’est grâce au projet de mariage de l’un de ses fils, Auguste, qui devait justifier du décès de son père que l’embrouille a été découverte et la rectification a été faite sur l’acte de décès.

Le véritable Charles Clair Labarre est donc bien né le 12/09/1781 à Val-du-Roy (Villy-le-Bas), s’est marié avec Marie Madeleine Levasseur à Val-du-Roy le 4/07/1808 et est décédé le 21/12/1853 à Avesnes. C’est mon Sosa 108.

Charles Clair LABARRE
N° Sosa :
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Père :
Mère :

Le frère imposteur, usurpateur, Jean Jacques Labarre est né le 18/05/1780 à Val-du-Roy,  s’est marié avec Marie Rose Hébert à Croixdalle le 25/11/1806 et est décédé le 20/05/1856 à Croixdalle. Curieusement, les actes de naissance de ses enfants et son acte de mariage de cet usurpateur n’ont pas été rectifiés.

Jean Jacques LABARRE
N° Sosa :
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Père :
Mère :

C’est une sacré histoire tout de même ! Qu’est ce qui peut bien pousser un individu à utiliser les prénoms de son frère pendant toute sa vie ? Il aura menti tout le temps et ce n’est pas le cas du nom d’usage différent du nom de baptême qui est lui tout à fait « normal ». Sans doute l’explication vient qu’ils ne devaient pas trop s’aimer dans cette famille car je n’ai trouvé aucun parrain, marraine, témoin issu de la famille notifié sur les actes d’état-civil. Tous sont des amis !


On dira que le mauvais nom de l’épouse de Charles Clair Labarre mentionné sur son acte de décès n’est juste qu’une broutille par rapport à tout ce qui précède. Marie Parot à la place de Marie Rose Hébert c’est sensiblement la même chose finalement.

Épilogue

Je me suis frotté à cette énigme car j’avais remarqué, à l’occasion d’un #1J1Ancetre, qu’il y avait un croisement familial autour des Labarre. J’ai gratté un peu et je suis tombé sur cet usurpateur.

Cette branche est bien rigolote pour un généalogiste, mon Sosa 110, Pierre Beaurain a eu une fille qui s’est mariée avec Pierre Victor Labarre,  un fils du vrai Charles Clair Labarre. Et ce même Pierre Beaurain a eu une seconde épouse Marie Anne Rose Labarre qui elle, est une des filles du faux Charles Clair Labarre. C’est rigolo hein ! Et cette Marie Anne Rose avait déjà un fils naturel, Nicolas Labarre avant de se marier. Pourquoi faire simple ?

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Lire un arbre généalogique

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Lire un arbre généalogique

Lire un arbre généalogique demande un peu de concentration. Au delà de l’émerveillement tout relatif à découvrir un nombre incalculable d’ancêtres et de dates, il convient souvent de prendre un peu plus de temps et d’attention pour y déceler des histoires d’hommes et de femmes.

De Yves à Yvette, 13 générations en 385 années

Pour construire l’arbre ci-dessous, je suis parti de ma mère, Yvette Cotty, pour arriver au premier « Cotty* » recensé, le prénommé Yves né vers 1546. Au delà de François 1er, il est impossible de retrouver des actes écrits sauf pour les ancêtres qui s’inscrivent dans la grande Histoire.

J’ai reporté également tous les conjoint(e)s ainsi que tous les frères et sœurs que j’ai trouvés. J’obtiens alors un arbre à 83 individus pistés dans les archives en ligne ou via les bases de données du Centre généalogique du Finistère.

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De la Bretagne à la Normandie

Les Cotty sont avant toutes choses Bretons ou plus exactement et exclusivement Finistériens et localisés sur trois villes : Morlaix (Ploujean), Plouézoc’h et Plougasnou. Le premier Cotty voyageur est Jean Marie qui épouse Marie Jeanne Huet à Morlaix en 1874 et filent au Havre en Normandie pour la naissance de leur fils Fernand Jean Francis, le 11 septembre 1875. C’est mon arrière-grand-père maternel (Sosa 12**).

Voilà pour les grandes lignes de l’histoire de la famille, lignée, clan des Cotty. Il convient ensuite de se pencher plus en détails sur certains individus ou sur certaines caractéristiques comme la même profession, en un même lieu de toute une famille. Il faut d’ailleurs que je me documente sur l’importance de la manufacture des tabacs à Morlaix qui a fait vivre mes ancêtres, leurs frère et leurs oncles sur 3 générations !

Puis j’ai découvert une histoire un peu dure sans que j’en connaisse les causes. Elle s’est déroulée à la fin du règne de Louis XIV.

L’année 1708

Hervé Cotty – Sosa 768 :

C’est le petit dernier d’une fratrie de 10 en comptant sa demi-sœur qui a 26 ans quand lui voit le jour le 1er septembre 1676 à Plouézoch.
À 27 ans, Il se marie le 15 février 1703 à Plougasnou avec Anne Allain. Une année passe et le premier enfant arrive, c’est une petite Marguerite suivie rapidement de Yves en 1704 et des jumeaux Jean et Jeanne en 1708.

Et puis, je ne sais pas quel mauvais sort s’abat sur sa famille mais l’année 1708 est particulièrement cruelle.

Les jumeaux naissent le 3 janvier puis Jeanne meurt le 9 janvier, son frère Jean décède le lendemain le 10, ils n’auront vécu que 6 et 7 jours.
Puis son épouse Anne décède à son tour le 16 janvier à 31 ans et dix jours plus tard c’est sa première fille Marguerite âgée de 4 ans qui décède le 26 janvier.
En moins d’un mois, il perd sa femme et trois de ses enfants. Il ne lui reste plus qu’un seul fils, Yves. Il a tout juste 2 ans et c’est mon Sosa 384.

Hervé ne reste veuf cependant que 7 mois et épouse en seconde noce Perrine Féat, le 13 août 1708. De cette union naît une petite Marie en 1709 puis Anne en 1712, Jacquette en 1714 et Louise en 1718. Que des filles !
C’est à l’âge de 45 ans que finalement Hervé COTTY meurt à Plougasnou. Heureusement pour moi, le petit Yves a survécu à tout ça et a perpétué la lignée de cette branche.

Hervé COTTY
N° Sosa :
Voir l arbre
Père :
Mère :

Apprendre à lire un arbre généalogique

Vous ne regarderez plus jamais un arbre généalogique comme avant, enfin c’est ce que je vous souhaite. Apprendre à lire un arbre généalogique permet de remarquer des singularités dans les dates, les noms, les lieux et de découvrir des histoires particulières au sein d’une grande saga qu’est l’histoire de votre famille.

Une autre histoire : un ancêtre joueur


*Cotty : J’ai conservé une seule orthographe pour plus de clarté mais « Cotty » s’écrira aussi avec un seul « t » ou « Cozti » ou « Le Couty » ou bien encore « En Cotty » selon les époques et les curés.

 

** Sosa : La numérotation de Sosa-Stradonitz est une méthode de numérotation des individus utilisée en généalogie permettant d’identifier par un numéro unique chaque ancêtre dans une généalogie ascendante. Vous êtes le numéro 1, votre père le 2, votre mère le 3, les grand-parents 4,5,6,7, etc.