De père et de mère inconnus

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Père et mère inconnus.

Cette mention fait froid dans le dos.

La première fois que j’ai eu affaire à la mention « de père et de mère inconnus » c’est avec Sophie LÉONIE (Sosa 53) la grand-mère de mon arrière-grand-mère maternelle ça m’a vraiment attristé et je réalisais soudain qu’une branche complète de mon arbre généalogique disparaissait.

Elle a été trouvée exposée (sic) à la porte de l’Hospice général de Dieppe en Seine-Maritime le 14 avril 1821. Elle est probablement née quelques jours plutôt mais cette information et les raisons de son abandon sont définitivement perdues.

Est-elle le fruit d’une union adultérine ? Est-elle une bouche de trop à nourrir ? On ne le saura jamais.

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Toujours est-il que je suis resté perplexe devant le mot « Exposée » c’est le terme employé sur son acte de baptême. J’ai fait des  rapides recherches et j’ai découvert l’existence des tours d’abandon. Non pas une tour mais un tour comme un plateau tournant. D’ailleurs au Brésil et au Portugal on les appelle les « rodas dos expostos » (« roues pour les exposés »). L’autre hypothèse qui expliquerait l’utilisation de cet adjectif c’est qu’il permettait d’éviter au bébé l’exposition aux intempéries et aux aléas de la rue.

Les tours d’abandon

Vers 1800, plusieurs villes mettent en place des tours d’abandon. Il s’agit d’un guichet tournant installé dans la façade des hospices.  On déposait le nouveau né sur un plateau tournant puis on sonnait une cloche pour avertir le personnel de l’hospice.

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Tour de l’Hospice général de Rouen – Par Velvet [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html)
En France, saint Vincent de Paul fait aménager le premier tour à Paris en 1638. Ils sont légalisés par un décret impérial du 19 janvier 1811  et à leur apogée ils étaient au nombre de 251 dans toute la France. On en trouvait dans les hôpitaux, dont l’Hôpital des Enfants-Trouvés de Paris. Un mouvement favorable à leur suppression se développe dans les années 1830. Le nombre d’enfants abandonnés se comptant en dizaines de milliers chaque année, les tours d’abandon sont fermés en 1863 et remplacés par des « bureaux d’admission » où les mères pouvaient laisser leurs enfants de manière anonyme tout en recevant des conseils. La loi du 27 juin 1904 abolit définitivement les tours d’abandon.

Une miraculée

Toujours est-il que mon aïeule Sophie LÉONIE est une miraculée car la mortalité enfantine des enfants abandonnés au début du xixe siècle est considérable. L’essor industriel contraint les ouvriers à un travail intensif et ce dès le plus jeune âge. La malnutrition et l’alcoolisme engendrent des enfants fragiles qui succomberont pour la plus part de méningite ou de tuberculose.

Elle eut finalement une vie assez brève, elle est décédée le 14 avril 1876 à Meulers en Seine-Maritime à l’âge de 51 ans. Elle s’est mariée à 23 ans avec Jacques Hippolyte FOURÉ (Sosa 52) et je lui ai trouvé sept enfants.

Qui aurait pu imaginer que 142 ans après sa mort quelqu’un penserait à elle ?